samedi 16 mars 2013

Cassez ce Mur que je ne saurais voir

13 juillet 2008 : lors d’un Bürgerentscheid (une sorte de référendum local) organisé après des années de polémique, les habitants du district berlinois de Friedrichshain-Kreuzberg rejetaient à 87% le projet «Mediaspree», un programme ambitieux, voire limite mégalomaniaque, de privatisation à tout crin des rives de la Spree et de bétonnage débridé des nombreuses friches urbaines qui avaient vu fleurir, après la chute du Mur de Berlin, toute une scène culturelle et festive «alternative» au fil de l’eau. L’enfilade de boîtes de nuit, de Strandbars («bars-plages»), de parcs, de promenades et de terrains vagues en bordure de rivière, le long du tracé du Mur, était devenue un élément important du cadre de vie des riverains et des Berlinois dans leur ensemble, et attirait chaque année un nombre croissant de touristes européens. Ainsi, par le vote de l’été 2008, la population locale avait clairement signifié son opposition catégorique à la poursuite de la construction de bureaux, d’hôtels, de centres commerciaux et d’appartements haut de gamme sur les quais de la Spree à Friedrichshain et à Kreuzberg.

1er mars 2013 : près de cinq ans après le vote populaire, les autorités de la capitale allemande, qui depuis la réunification n’ont de cesse de transformer Berlin, au grand dam de ses habitants, en une sorte de Dubaï clinquant et sans âme, n’ont tenu aucun compte de l’avis de la population exprimé sans ambiguïté en 2008. Après tout, les terrains avaient déjà été vendus dès les années 90, se défend la municipalité. Ainsi, malgré quelques empêcheurs de tourner en rond, le projet Mediaspree a pu continuer à se concrétiser sans encombre majeure, davantage contrarié par les lointains remous de la crise financière que par l’opposition massive de la population. Les Berlinois, impuissants, ont vu disparaître quelques uns des espaces de liberté et de création les plus emblématiques du secteur : le Bar 25, la plage du Kiki Blofeld ou le club Maria am Ostbahnhof pour ne citer qu’eux, tandis que le Yaam, sauvé de justesse, demeure sur le fil du rasoir. Mais en ce 1er mars, le coup de pioche de trop a été donné : les promoteurs immobiliers ont entrepris, avec la bénédiction des instances dirigeantes, de démolir une portion de l’East Side Gallery afin de débuter les travaux de construction d’un pont piétonnier mais surtout, et c’est là le principal point d’achoppement, d’un immeuble résidentiel de grand standing, une tour de 15 étages où des appartements somptueux seront proposés à la vente pour des prix atteignant jusqu’à 7800 euros le mètre carré ! Ce n’est jamais que trois fois le prix du marché actuel, dans un arrondissement où le revenu net médian des ménages s’élève à 1400 euros par mois.

Bientôt à la place du Mur : le Burj al-Berlin, nouveau soleil dans la capitale.
(Capture d'écran du site de Living Levels)

vendredi 15 mars 2013

Mars : «Le savoir est une arme»

15 mars, midi pile à Neauphle-le-Château, c’est le grand retour de La Photo du Mois ! Je me suis laissé recruter par Dr. CaSo pour participer en ce mois d’hiver tardif, puisque c’est à elle que revenait le privilège de choisir le thème de mars. Et que ne refuse-t-on pas à la grande, l’illustre Dr. CaSo, n’est-ce pas ? En bon professeur universitaire, incorrigible intello, elle n’a pas pu s’empêcher de poser une colle à la communauté de blogueurs : «Savoir». J’ai bien vite regretté de m’être laissé embarquer dans cette galère, ayant toutes les peines du monde à trouver l’inspiration pour ce qui me paraît bien plus être un sujet à traiter par une volumineuse dissertation que par une simple photo.
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